Il arrive parfois qu’un chasseur soit en présence d’un mammifère ou d’un oiseau de couleur blanche. Pour le nemrod, le diagnostic est simple : il s’agit d’un animal albinos. Nous allons voir que ce n’est pas toujours le cas.
Les anomalies de coloration chez le gibier
Elles sont quasiment toujours d’origine héréditaire et donc, génétique. Elles sont globalement au nombre de trois en fonction de la pigmentation. C’est ainsi que l’on distingue :
- L’albinisme ou le leucisme en cas d’absence ou de défaut de pigments (animal blanc)
- Le mélanisme en cas de surcharge pigmentaire (animal noir)
- La coloration isabelle en cas d’atténuation des couleurs (animal de couleur « café au lait clair »)
Nous nous intéresserons donc uniquement à la première catégorie.
L’albinisme
Il s’agit d’une anomalie génétique due à une mutation ou à une absence du gène de l’enzyme tyrosinase, responsable de la synthèse des pigments noirs mélaniques. Ce gène étant récessif, l’albinisme total ne se transmettra que si les deux parents sont albinos. Les mammifères ou les oiseaux concernés présentent alors une absence de pigments sur tout le pelage ou le plumage. Les parties nues comme les pattes, les onglons, le bec ou les cercles orbitaires sont de teinte rosée ou rouge. Dans leurs yeux, l’iris est rose et la pupille rouge car les vaisseaux sanguins du fond de l’œil apparaissent par transparence.
En pleine lumière, l’albinos est presque aveuglé et se trouve de fait, très vulnérable vis-à-vis de ses prédateurs car sa couleur blanche le rend très visible.
Chez les chevreuils et les daims, l’albinisme est une manifestation connue. Elle se rencontre aussi chez le chamois, le blaireau, le renard, la martre et la fouine mais rarement chez le lièvre, les grands cervidés ou chez le sanglier.
L’albinisme total existe pour le gibier à plumes, surtout parmi les faisans et perdrix. Il est présent également chez les batraciens, les poissons et les serpents.
Le leucisme ou l’albinisme partiel
C’est une anomalie du même type que l’albinisme mais limitée à certaines zones du corps. La cause est également génétique. Par contre, l’enzyme tyrosinase est bien présente mais en déficit. Il n’y a alors qu’une migration partielle des pigments mélaniques et la peau des animaux concernés reste donc pigmentée.
Les animaux leuciques ne sont pas plus sensibles à la lumière que les animaux « normaux ». Les animaux sont blancs ou partiellement, mais leurs yeux (dont l’iris), onglons et becs restent de couleur habituelle.
Ce phénomène se rencontre chez tous les gibiers : le chevreuil, le cerf, le sanglier, le lapin de garenne et la perdrix. Une autre espèce est également connue pour son leucisme : le tigre (improprement appelé le tigre blanc).
Le leucisme peut se traduire par des tâches ou des plaques blanches symétriques ou irrégulièrement réparties sur le corps. Quelques fois, seule la partie antérieure ou postérieure de l’animal est touché. Chez les ongulés, il s’agit souvent du front ou des membres. Chez les oiseaux, ce sont plutôt les plumes du cou. Pour la bécasse, par exemple, la dépigmentation commence le plus souvent au niveau des ailes, notamment au niveau des rémiges.
Le leucisme peut se transmettre à la génération suivante sans que les deux adultes soient porteurs de l’anomalie. Par contre, tout comme les individus albinos, les animaux leuciques sont plus vulnérables à la prédation.
La consommation des animaux atteints d’albinisme ou leucisme
Que ce soit pour l’albinisme total ou le leucisme, il n’y a aucune contre-indication ou risques à consommer la venaison. Cependant, cela ne dispense nullement d’effectuer l’examen initial des carcasses concernées afin de constater d’autres anomalies pathologiques ou sanitaires.
Données transmises par Pierre ZACHARIE, Ingénieur des Services Vétérinaires et Expert référent en pathologies des grands gibiers et en hygiène de la venaison