L’évaluation des dégâts agricoles par drone va-t-elle remplacer l’expertise terrestre ? Probablement. Le vendredi 13 septembre 2024, la Commission Sanglier de la Fédération des Chasseurs de l’Isère (FDCI) a assisté à une démonstration de l’utilisation des drones pour expertiser les dégâts causés par le grand gibier sur une parcelle agricole à Crolles. Encadrée par la société lyonnaise Exo Expert, en partenariat avec l’ACCA de Crolles, cette matinée a permis à cinq salariés de la FDCI, deux estimateurs, deux agriculteurs locaux, ainsi qu’à des agents de l’ONF et de l’OFB de découvrir tout le potentiel de cette technologie innovante. La FDCI, soucieuse de proposer une évaluation plus précise des indemnisations aux agriculteurs, partage ici les temps forts de cette démonstration.
Comment fonctionne l’expertise des dégâts par drone ?
- Cartographie : Le drone est relié à une tablette. L’estimateur commence par renseigner les limites de la parcelle sur une application cartographique, incluant les données cadastrales.
- Survol : Le drone survole ensuite la parcelle en mode automatique, capturant des images à intervalles réguliers.
- Reconstruction de la parcelle : En quelques minutes, le logiciel préinstallé reconstitue la parcelle, les images étant fusionnées pour créer une vue d’ensemble.
- Identification des dégâts : À l’aide d’un stylet, l’estimateur repère les surfaces endommagées sur la tablette et les détoure. En cas de doute, il peut utiliser l’outil loupe pour zoomer ou l’outil pipette pour ajuster les contrastes. Un contrôle au sol peut également être effectué en complément pour identifier l’espèce responsable des dégâts.
- Calcul des surfaces détruites : L’application calcule alors les surfaces détruites au pixel près en quelques secondes.
- Rapport final : L’estimateur compile et exporte toutes les données dans un fichier PDF, captures d’écran inclus.
Pourquoi utiliser un drone pour estimer les dégâts agricoles ?
- Gain de temps : L’évaluation par drone prend environ 1 minute par hectare, contre 1 heure pour une expertise terrestre.
- Précision accrue : Les orthophotos obtenues sont précises au mètre carré, rendant l’expertise plus objective et limitant les litiges avec les réclamants.
- Rapport détaillé : Un rapport complet des surfaces sinistrées est disponible immédiatement après le survol.
Un dispositif déjà en place dans plusieurs départements
Exo Expert dispose déjà d’une solide expérience avec ce dispositif : quatre Fédérations Départementales de Chasse (dont celle de l’Ain) utilisent ses drones, et huit autres sont en phase d’accompagnement.
Un investissement, mais des aides possibles
Bien que l’acquisition d’un drone représente un coût initial conséquent (11 790 € la première année, incluant le drone, l’abonnement à l’application cartographique et la formation au télépilotage), il s’agit d’un investissement amortissable sur plusieurs années. De plus, dans le cadre de l’accord national sur les dégâts de gibier signé entre l’État et la Fédération Nationale des Chasseurs le 1er mars 2023, des aides financières sont prévues jusqu’en 2025 pour encourager la mise en place de solutions innovantes, comme l’utilisation de drones.
Grâce à sa précision, le drone s’impose comme l’outil idéal pour estimer les dégâts causés par le grand gibier. Cependant, il présente certaines limites, notamment dans l’identification des espèces responsables des dégâts, et il reste dépendant de son binôme, estimateur. L’avenir de cette technologie en Isère dépendra des délais d’acquisition et de mise en œuvre.
Sources Exo expert