A la demande de la Fédération Nationale des Chasseurs, une délégation conduite par Willy Schraen a rencontré mardi Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA afin d’aborder sans tabous et en toute franchise les sujets qui concernent directement la chasse et le monde agricole.
Dans une ambiance tendue la présidente de la FNSEA et ses collègues présents ont reproché avec véhémence au président de la FNC ses propos très tranchés sur la remise en cause d’une partie de l’indemnisation des dégâts de gibier, sur l’action conduite au Parlement pour obtenir l’interdiction à court terme des néonicotinoïdes, sur notre soutien pour l’interdiction rapide du glyphosate, sur la responsabilité des agriculteurs dans la disparition du petit gibier et sur le caractère trop limité des expérimentations de type Agrifaune.
Pour la présidente de la FNSEA, la FNC a une vision trop écologiste de la réforme de la PAC et n’a pas assez pris en compte les menaces sanitaires de la faune sauvage sur l’élevage français. Elle a regretté l’absence totale de dialogue entre la FNC et la FNSEA alors que, dans
un passé récent, la concertation était parfois de mise. Pour Christiane Lambert, les dernières déclarations de Willy Schraen sont perçues comme un véritable coup de poignard dans le dos des agriculteurs qui sont pourtant les partenaires habituels des chasseurs dans tous les
territoires. Elle a encore insisté pour affirmer sans nuance que les agriculteurs étaient au cœur de l’économie, alors que les chasseurs géraient seulement une activité récréative sur les mêmes territoires.
Echanges sans concession de la part de la FNC. Sur tous les sujets abordés, le président de la FNC a regretté la vision caricaturale et incroyablement restrictive de la FNSEA sur la place et le rôle des chasseurs dans les politiques environnementales, agricoles et rurales.
Willy Schraen a insisté sur le fait que, dans de nombreux départements, le dialogue et la concertation étaient de mise entre les organisations professionnelles agricoles et les fédérations départementales des chasseurs. Il a précisé que ce partenariat naturel et constructif n’empêchait pas quelques tensions sur certains sujets. Concernant les dégâts de gibier, la FNC a vertement critiqué le tableau apocalyptique formulé par certains membres de la délégation de la FNSEA, alors que dans la majorité des départements à problèmes, ce sont souvent quelques communes qui concentrent tous les points noirs.
Après deux heures d’un échange franc et pas toujours cordial, le bon sens a prévalu en fin de réunion pour reprendre un dialogue direct et permanent dès les prochaines semaines. Chacun a pu noter que la concertation sur les enjeux de la condition animale était indispensable entre nous face aux débats de société souvent émotionnels. La condition posée par Willy Schraen pour ce retour au dialogue et acceptée par Christiane Lambert a été que l’on aborde « en même temps » le dossier sensible des dégâts de gibier et les mesures indispensables pour retrouver une politique « petit gibier » digne de ce nom sur tout le territoire national et pas seulement dans des zones expérimentales de type Agrifaune. De la même façon, la délégation de la FNC a insisté et obtenu que l’on ouvre rapidement les négociations sur la réforme de la PAC et sur nos propositions que les représentants de la FNSEA trouvent beaucoup trop proches de celles des écologistes. Sur cette base, un accord a été convenu entre Willy Schraen et Christiane Lambert et une première réunion de travail sera organisée prochainement entre les deux fédérations. Dans les prochaines semaines des rencontres auront lieu avec les autres syndicats agricoles ainsi qu’avec l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture afin de poursuivre cette nécessaire reprise du dialogue entre partenaires d’un monde rural en pleine transformation.
Sources FNC