« Avant de dresser un chien, il faut dresser le maître ! » Marc Zanardi, président d’ACCA de Champs-sur-Drac et heureux propriétaire de gascons saintongeois donne le ton. Ce chasseur expérimenté nous explique sa vision du dressage pour les chiens courants.
« Il faut du temps et multiplier les sorties. En moyenne, deux ans de travail assidu permettent d’avoir un chien qui tourne ». Pour le grand-gibier, que l’on destine son chien à faire le pied ou à rapprocher, le dressage est identique. Le plus important est l’apprentissage du rappel : faire revenir son chien sur ordre. Certains utilisent des croquettes pour y parvenir mais les caresses suffisent. S’il ne revient pas, rattraper-le mais ne le frapper surtout pas, vous risquerez de le braquer sans qu’il ait pour autant assimilé l’ordre.
Pour déclarer un chien (réveiller son instinct de chasse), la meilleure école pour Marc, c’est le parc d’entraînement (enclos où du gibier est élevé en captivité). Le jeune chien doit alors être accompagné d’un chien plus expérimenté. Une fois celui-ci en chasse, le jeune le suivra et donnera de la voix à son tour sur le gibier.
Pour le créancer, c’est-à-dire le faire chasser qu’un seul type de gibier, le lièvre ou le sanglier en principe, il faut se montrer patient et tenace. Certains ont recourt au collier électrique mais Marc déconseille ce procédé. Pour lui, c’est la première odeur de gibier que le chien capte qu’il mémorise. En effet, son flair contrairement à sa taille, n’est pas évolutif. Le chien a d’entrée de jeu toutes ses capacités olfactives et c’est au fil des sorties qu’il saura aiguiser ce sens et ainsi, distinguer une odeur de sanglier, d’un chevreuil.
Pour travailler le rapprocher (remonter la piste retrouvée par le chien de pied pour aller jusqu’au gibier), la clef de la réussite est de multiplier les sorties en solitaire, tous les 15 jours dans l’idéal. Pendant la période de chasse, il y a plus de trafic d’animaux. Commencez par rechercher avec l’aide d’un chien expérimenté la piste de l’animal convoité, le sanglier pour Marc. Une fois trouvée, mettez le jeune chien sur la voie et laissez-le remonter la piste. Si votre chien prend le change (piste d’un autre animal), tirez sur la longe et remettez-le sur la voie, voire retournez au point de départ, à la trace initiale. « Pour créancer un chien, le maître doit être capable de reconnaître la trace de l’animal qu’il souhaite chasser. S’il n’est pas bon, le chien ne sera pas. Des fois l’odeur de gibier est si forte que le chien se trompe et prend la piste à contre sens, le maître doit être attentif pour remettre le chien sur la bonne voie » complète Marc. Le maître doit aussi bien connaître le comportement du gibier recherché : « Contrairement au chevreuil qui est plutôt casanier, le sanglier lui, n’a aucune règle. C’est un vagabond. Il va où il y a de la nourriture. Il peut aussi bien se cantonner dans un bois clair, sous un amas de feuilles ou à flanc de rochers. »
Les chiens rapprocheurs sont de véritables athlètes. Ils sont capables de capter les odeurs les plus fugaces. Pour travailler leur concentration, Marc conseille de chercher le passage du gibier seul le matin puis de refaire la sortie l’après-midi avec le chien en apprentissage. L’après-midi, les odeurs s’estompent. Cela affine l’odorat du chien et l’oblige à être plus appliqué.
Certains chiens sont nés pour être des suiveurs, d’autres pour faire les pieds ou rapprocher. En général, un bon chien de pied est un bon rapprocheur. La seule nuance, c’est que le chien de pied travaille à la longe et reste silencieux alors que le chien rapprocheur aboie lorsqu’il prend le pied. Le suiveur attend que les autres chiens donnent de la voix. On appelle ça : « l’effet de meute ».
Marc emploie le même chien pour faire le pied et chasser. Son chien a bien discerné son travail : lorsqu’il porte le harnais, c’est le pied ; lorsqu’il a la cloche, la chasse est ouverte ! Marc avoue être particulièrement complice avec lui : « Quand on fait les pieds, il n’aboie pas mais son expression change lorsqu’il décèle un gibier. Il agrandit les yeux et tire fort sur la longe. Je le caresse et on part s’équiper. »
Si après tous ces conseils, vous ne vous sentez pas l’âme d’un dresseur et que vous ne trouvez personne pour vous accompagner, vous pouvez avoir recours à un professionnel. Comptez 1 000 € pour un chien débourré (apte à chasser) et 5 000 € pour un chien voix unique (créancé sur un gibier spécifique).