Cette question vous brûle les lèvres ? Pierre Jouvenal, animateur du Festival Nature en Bièvre mais surtout, amateur passionné de chiens d’arrêt et d’eau, vous fais profiter de son expérience.
Pour lui, le dressage d’un chien est étroitement lié à son éducation et ne peut fonctionner sans l’amour du chien pour son maître. Pour cela, le maître doit être omni présent : être celui qui le corrige mais aussi, celui qui lui donne à manger. A force de répétition, vous gagnerez le respect de votre chien et ainsi, la légitimité de votre rôle de chef de meute.
Très rapidement, vous devez lui inculquer le premier commandement : « assis ». La méthode est simple : caressez votre chien, appuyez lui doucement sur le derrière jusqu’à le faire asseoir, lui dire « assis » et caressez-le. Cet ordre est primordial avant de partir en dressage. Il doit être acquis vers 3 mois et demi.
Toujours dans les premiers mois, vient l’apprentissage du « non » : « non » à la gamelle, « non » devant la porte, etc. Avec cet ordre, la gestuelle est très importante : la main doit être levée devant le chien comme face à un mur. Quel que soit l’ordre, l’intonation de votre voix est capitale : on chuchote lorsque l’on veut féliciter son chien et au contraire, on élève la voix lorsque l’on est mécontent. Ça parait tout bête mais le chien est un lecteur d’humeur. Il sait rien qu’à votre voix, si vous êtes bien « luné » ou non.
Vient ensuite, le jeu. Si vous savez jouer avec votre chien, vous n’aurez jamais de chien méchant. Le jeu forge le caractère mais permet aussi, de lui donner un cadre. Parmi ses jeux préférés : la promenade. Pour cela, votre chien doit être habitué très jeune à la laisse comme à la voiture (caisse de transport obligatoire pour garantir sa sécurité). La laisse sera privilégiée pour les balades en ville et la voiture, pour les balades en nature. En voiture, les chiens sont souvent malades au début mais il faut persister en privilégiant des trajets courts puis rallonger la distance petit à petit.
Autre jeu : le lancer de balle ou tout autre objet fétiche. C’est un moyen indirect de lui inculquer le rapport. Une fois l’objet en gueule, c’est gagné. Donnez-lui l’ordre de s’asseoir, caressez-le puis dite-lui : « donne ». S’il lâche sa balle (ou son objet fétiche), félicitez-le : « c’est bien » tout en le caressant. Si votre chien refuse de vous donner son jouet, éloignez-vous. Il reviendra de lui-même.
Plus tard, la balle sera remplacée par du gibier mort. Si le chien ne rapporte pas, partez à l’opposé. S’il persiste, faites pareil dans un endroit restreint et fermé : votre garage, par exemple.
Pour le chien d’eau, le travail est assez similaire. Pour l’acclimater à l’eau, on se baigne avec. On ne le jette surtout pas dedans ! Il vaut mieux y aller petit à petit. Commencez par marcher au bord de l’eau puis, faites-lui travailler le rapport au bord puis, jetez son objet fétiche à l’eau. Commencez par là où il a pied puis, plus loin. Si le chien ne va pas à l’eau, accompagnez-le. S’il y va, attendez-le toujours à la sortie. Faites un pas en avant et caressez-le.
Une fois cet exercice acquis, vous pouvez introduire la canne à pêche : un fil de 1,50 m au bout duquel on fixe n’importe quelle plume d’oiseau. On agite la canne au-dessus du chien et on le fait courir. Instinctivement, le chien cherche à attraper la plume. Déplacez la canne de droite à gauche… Au bout de 4, 5 fois, le chien s’arrêtera de lui-même et bondira dessus. Durant cet apprentissage, le chien ne doit jamais attraper la plume en vol.
Après, on évalue son comportement face au gibier. Le principe est simple : on emmaillote une caille dans un tissu au bout de la canne. Malgré l’odeur et l’excitation face à cet oiseau vivant, le chien doit là encore, marquer l’arrêt. Travaillez toujours à la longe (4 à 5 m souple) et tenez-vous à bon vent. Si votre chien ne s’arrête pas, tirez sur la longe, maîtrisez-le et caressez-le. Puis, faites-le reculer pour travailler le « marking ». Un chiot travaille beaucoup à vue. Si on le fait reculer, il ne voit plus sa proie et se trompe. Il est alors contraint de se servir de son flair pour retrouver l’oiseau. Cet exercice est idéal pour calmer votre chien tout en maintenant son intérêt.
La méthode de la canne à pêche a fait ses preuves mais il ne faut pas en abuser. Si votre chien baille, tourne la tête… la leçon est trop longue. Il vaut mieux arrêter. Souvent, 10 leçons de 4 min valent mieux qu’une heure. Mais impératif : il faut toujours finir une séance par du positif. Penchez-vous et félicitez votre chien : « c’est bien, tu as bien travaillé ».
Après le travail de la caille, passez plus tard au pigeon puis à la boîte d’envol pour que cette fois-ci, votre chien prenne l’oiseau.
Comme tout appareil, il y a quelques précautions à prendre : tenir compte du vent, faire placer la boite par une aide qui n’enmpiétera pas sur la piste, baliser discrètement l’emplacement de la boite, déterminer un périmètre de sécurité autour, changer souvent de terrain d’entraînement et de lieux de cache. Dans le cas où votre chien ne trouve pas la boîte, revenez au point de départ, faites-le asseoir et déclenchez l’envol ! Il comprendra que comme à la chasse, il peut laisser du gibier sur son passage et la prochaine fois, il le cherchera avec plus d’application.
Après, vient la chasse proprement dite. La chasse hélas, va briser tous les codes. Commencez de préférence à faire chasser seul votre chien. Comme à l’entraînement, s’il commet une erreur, dite-lui « non » et replacez-le là où il a fauté.
Il faut compter une année pour qu’un chien soit totalement dressé. L’idéal étant qu’il soit né pendant la chasse pour bien travailler aux beaux jours et qu’il soit suffisamment mûr pour l’ouverture (entre 6 et 8 mois).
Jusqu’à 5 ans, la progression est énorme. C’est pourquoi, il ne faut jamais juger le potentiel d’un chien à 6 mois. Un dicton arabe dit pour le dressage des purs sangs : « les premières 10 années, tu les donne à ton frère, les dix années suivantes sont pour toi et les 10 dernières vont à ton ennemi. » Pour un chien, c’est presque pareil. Un tiers de sa vie, il apprend, le second tiers, il excelle et le dernier tiers, il décline mais nous surprend aussi par quelques instants de grâce.
Pour dresser un chien, il faut faire l’effort et beaucoup se documenter. Si on ne se passionne pas, on ne passionnera pas son chien. Après, il faut beaucoup de rigueur, de patience et de gentillesse mais aussi, un brin de folie pour tenter des trucs.
Vous avez encore des questions pour le dressage de votre chien d’arrêt ? N’hésitez pas à contacter M. Jouvenal qui y répondra volontiers au 04 74 54 89 56.