Non, les chasseurs ne tirent pas sur tout ce qui bouge ! Avant chaque saison de chasse, ils comptent les gibiers présents sur le territoire afin de s’assurer de la pérennité des espèces.
La méthode
La Fédération des chasseurs de l’Isère procède plusieurs fois par an à des comptages d’animaux pour le Lièvre, le Cerf, le Chamois, le Mouflon, le Tétras-lyre, etc. Chacune dispose de son propre protocole.
Prenons l’exemple de la Perdrix bartavelle. Pour les compter, les chasseurs utilisent, au petit matin, des bandes sons préenregistrées transmettant les chants du mâle. Ils se postent un peu plus loin pour entendre les réponses des femelles. Patience et silence sont de mise. Pour une surface couverte de 500 à 700 hectares par comptage, les chasseurs sont un peu moins d’une dizaine, à raison d’une dizaine de kilomètres de marche pour chacun. Pour éviter le double comptage, ils restent en liaison permanente par talkie-walkie.
Les enjeux
Les comptages sont indispensables avant toute saison de chasse. Ils servent principalement à évaluer la tendance démographique d’une espèce, mais aussi à évaluer son abondance kilométrique. Ils sont prépondérants pour élaborer les futurs plans de chasse et garantir ainsi, une gestion durable du gibier et la régénération naturelle de leur habitat naturel. On parle alors d’équilibre faune-flore.
Pour la Perdrix bartavelle, on recense en moyenne, sur la trentaine de sites où elle est comptée, pas moins de 1 à 3 oiseaux aux 100 hectares. Au printemps, on compte les mâles venant chanter et parader puis, se reproduire. Les femelles fécondées pondront plus tard, seules. C’est un moment particulièrement rare à observer car en principe, on n’aperçoit que les mâles. Au mois d’août, chaque site observé au printemps fait l’objet d’un second comptage ; cette fois à l’aide de chiens d’arrêt pour localiser les nichées et ainsi, juger du succès de la reproduction.
Les sites de référence
Les chasseurs effectuent leurs comptages sur des sites dits de référence. Ce sont toujours les mêmes sites. Les chasseurs s’y rendent tous les ans aux mêmes dates, pour avoir de bons outils comparatifs.
Ces sites, recensés à partir de la fin des années 1980 pour les plus vieux, sont déterminés selon trois critères : l’accessibilité et la sécurité du site pour les compteurs et, bien sûr, la présence de l’espèce.
Pour la Perdrix bartavelle, on compte une vingtaine de sites-références sur le département. De par sa morphologie, elle vit en montagne mais sur les versants ensoleillés, en dehors des zones enneigées. C’est d’ailleurs l’oiseau de montagne vivant le plus bas en altitude, entre 1 400 et 2 500 mètres. Pour comparaison, le Lagopède ou Perdrix des neiges vit jusqu’à 3 000 mètres.
Les compteurs
On ne s’improvise pas compteur du jour au lendemain ! En effet, il est nécessaire d’avoir un bagage de connaissances sur la faune sauvage et sur la méthode de comptage associée. Seuls des professionnels sont donc habilités à effectuer ces opérations : les techniciens des Fédérations de chasse, ainsi que les agents de l’OFB (Office Français de la Biodiversité). Pour certaines espèces, les comptages peuvent être aussi confiés à des chasseurs bénévoles mais toujours sous-couvert des Fédérations.
Les chasseurs isérois parcourent plus de 16 000 km par an à travers forêts et montagnes, pour réaliser ces comptages. Il en va du devenir des espèces mais aussi, de la chasse.
Voir le comptage de la Perdrix bartavelle 2021 en vidéo :