Le 8 mai 1945 signe l’armistice et donc, la fin de la seconde guerre mondiale. Mais durant la guerre, la chasse s’arrêta-t-elle ? Et le gibier proliféra-t-il comme on l’a souvent entendu dire ?! C’est à la fois plus simple… et plus compliqué !
(article extrait du blog chasse et munitions FCM 25).
Ouverture de la chasse et saisie des armes
Depuis la déclaration de guerre le 3 septembre 1939, 5 millions d’hommes furent mobilisés… donc juste avant l’ouverture générale de la chasse laquelle n’eût lieu que dans le Midi, et encore guère plus d’une semaine, faute de « combattants cynégétiques ».
Après, la « drôle de guerre », la défaite de juin 40, l’Armistice, on se demanda s’il fallait « ouvrir » la chasse en septembre 40, au moins en zone libre car bien sûr en zone occupée, dès octobre-novembre, non seulement la chasse était interdite, mais il fallait remettre armes et munitions. Une ordonnance (datant du 20 juin) étendait même cette saisie aux pièces détachées. Fin 41, 700 000 fusils de chasse furent remis dont 100 000… les plus beaux partant directement vers l’Allemagne. L’occupant trouvant ce nombre insuffisant prolongea cette ordonnance jusqu’au 1er avril 42, le tout assorti de menace de peine de mort… ce qui n’empêcha pas les chasseurs impénitents de ruser.
Ceux qui, comme la plupart des chasseurs encore de nos jours avaient un râtelier bien garni cédèrent les plus vieux et usés. Les plus efficaces, ceux qui ressortirent en 1944 (aux mains des résistants) partirent dans d’improbables cachettes : murs, faux-plafonds, poutres creuses. Malheureusement, ceux qui furent enfouis en terre, même bien protégés, ne purent éviter les canons piqués et autres mésaventures liées à l’humidité.
France occupée et avènement des fédérations
Malgré tout, en zone libre, l’ouverture fut décalée au 28 octobre pour un cours laps de temps qui permit plus tard en janvier, avec un froid terrible (moins 15, avec des rivières de glace) de faire au moins du gibier d’eau, incité à être tiré en masse… pour éviter de rendre service, côté ravitaillement, aux Etats ennemis de la France ! On pensait bien sûr aux Allemands, mais aussi aux Italiens qui avaient rejoint les forces de l’Axe. Néanmoins, si l’on en croit le Chasseur français de février 1940, on s’inquiétait déjà de la prolifération probable du gibier, avec le souvenir encore bien présent des années 1917-18, où les lièvres pullulaient dans les jardins potagers. Mais on craignait plus encore le lapin au point qu’en décembre 40, le ministre des finances, fasse la promesse (non tenue) de donner le permis gratuitement aux permissionnaires, tout ça dans l’intérêt des récoltes.
L’occupation complète du territoire en novembre 42 régla, on l’a vu, radicalement le problème des armes à feu, mais le régime de Vichy n’avait pas oublié d’inscrire la Chasse dans sa doctrine politique de Révolution nationale. La grande loi du 28 juin 1941 subordonna l’individu au groupement et « ce sport exercé dans le cadre d’un individualisme périmé » à une société départementale correspondant à l’idéal corporatiste cher à Pétain. On ne touchait pas aux associations communales type loi de 1901, mais ces dernières furent rattachées le 15 novembre 1945, à des Fédérations départementales telles qu’elles sont connues actuellement.
Techniques de chasse et gibiers
La chasse, dans toute cette période de 1942 à la Libération ne s’exerça plus qu’avec les moyens anciennement prohibés, tels que les collets, les pantes, les bourses, les furets, la collaboration des chiens étant des plus précieuses, notamment ceux de petite taille permettant de se transporter facilement à vélo, mode de locomotion généralisé de l’époque. Une chasse de subsistance très orientée lapin, pullulant partout et assez facile à prendre qui améliorait l’ordinaire, permettant aussi le troc de denrées utiles et faciles à se procurer en campagne.
En 1946, beaucoup de nos devanciers se mirent à la recherche de ce qu’étaient devenues les armes réquisitionnées ou plutôt « volées par les Boches » ! Malgré la loi du 26 mars 1946 proclamant le droit intégral à réparation, le Ministère de la reconstruction qui avait d’autres « lièvres à fouetter », botta en touche ne jugeant pas concernés « les biens dont le caractère principal est moins l’utilité que l’agrément ». Il y avait bien eu des dépôts dans les sous-préfectures, mais les Allemands ne donnèrent jamais de reçus permettant de récupérer son bien. Au petit bonheur la chance (et des relations !), certains retrouvèrent des armes pour chasser à l’ouverture 1946, notamment via les ventes des Domaines, et sans être trop regardants sur les caractéristiques techniques car le gibier abondant, valait mieux être au plus vite sur le terrain cynégétique que dans les taillis de l’âpre maquis administratif !