La consanguinité est issue de l’élevage. Elle est le résultat d’une reproduction sexuée entre deux individus ayant un ou plusieurs ancêtres communs. Plus le lien de parenté entre les géniteurs est élevé, plus la consanguinité est importante. On retrouve des cas de consanguinité à la fois chez les animaux domestiques ou la faune sauvage.
Qu’est-ce que la consanguinité ?
La consanguinité se traduit par la probabilité qu’un individu possède, en raison de ses ancêtres, deux mêmes versions d’un gène (allèles) en un point précis d’un chromosome (locus). Ce calcul permet de connaître l’apparentement des ascendants et donc, la diversité génétique de l’animal concerné.
La notion de coefficient de consanguinité
On peut définir le coefficient de consanguinité comme la probabilité que chez un individu, en un locus donné, les deux allèles soient identiques par descendance c’est-à-dire qu’ils proviennent de la réplication d’un allèle que possédait un ancêtre commun à son père et à sa mère.
Quels sont les risques de la consanguinité sur la faune sauvage ?
À l’échelle d’une population, si de nombreux individus présentent un fort taux de consanguinité, ils sont davantage susceptibles de souffrir de problèmes de santé, de malformations, de maladies génétiques et autres anomalies. On parle alors de dépression de consanguinité ; ce qui peut entraîner une régression du taux de croissance, de la fécondité, etc.
On peut citer des espèces présentant un fort coefficient de consanguinité telles que : les guépards, les bisons, les loups et à un degré encore plus élevé, le tigre blanc qui a été élevé à outrance à cause de la couleur de son pelage. Les cas d’albinisme ou de leucisme chez nos cervidés sont également des témoignages d’une consanguinité plus ou moins importante.
Consanguinité et perte de biodiversité
La modification d’un milieu naturel par les activités de humaines telles que ponts, autoroutes, zones industrielles constitue un frein à l’expansion spatiale des espèces. Ceci va inévitablement entraîner des concentrations des mêmes espèces sur ces territoires créant ainsi des sous–populations et un risque d’appauvrissement génétique et donc, de consanguinité accrue. Ce risque de perte de diversité sera notoirement accru chez les espèces à effectifs réduits vivants dans un milieu fragmenté. Une étude de 2018 a ainsi montré un taux de mortalité de 70% parmi les lionceaux nés en captivité dans les zoos européens. Ces animaux étaient issus de seulement 9 représentants de l’espèce situés en Inde.
Comment éviter la consanguinité chez la faune sauvage ?
La faune sauvage utilise différents mécanismes afin d’assurer la diversité génétique des populations. De nombreuses espèces, comme le Lièvre ou le Loup, pratiquent la dispersion juvénile. Celle-ci désigne la distance parcourue durant les premiers mois des individus d’une espèce, entre leur site de naissance et leur site de reproduction.
Chez le Lièvre, par exemple, les jeunes s’éloignent de leur lieu de naissance de plusieurs kilomètres avant d’atteindre l’âge de 6 mois. Ainsi, ils augmentent leurs chances de se reproduire avec des individus génétiquement éloignés d’eux. Cette reproduction entre populations assure donc un brassage génétique.
Chez les grands cervidés, les périodes de brame permettent à différents mâles d’intervenir lors de la reproduction et donc là aussi d’améliorer un brassage génétique.
Chez les chamois et isards, le même phénomène existe mais il faut le corréler avec la notion d’espace et de territoire. On a ainsi pu constater que plus les chevrées sont importantes, plus de mâles interviennent lors du rut.
En ce qui concerne les chevreuils, le phénomène est différent. En effet, le brocard reste très territorial et l’éloignement du site de naissance est plutôt restreint. Ce qui ne facilite pas le brassage génétique. Beaucoup de phénomènes pathologiques (sensibilité aux parasites) ou physiologiques (baisse du taux de fécondité) sont induits par cette situation.
Tous ces constats ne peuvent être effectifs qu’en milieux ouverts bien entendu.
Ils ne prennent pas en compte la prédation liée aux grands canidés, ni les prélèvements cynégétiques.
La consanguinité existe-t-elle chez le chien ?
Elle existe chez toutes les espèces, y compris l’Homme. Certains problèmes de nanisme ou de déficiences cérébrale ou débilitante humaines sont bien sûr connus de tout temps. C’était d’ailleurs souvent le cas dans des campagnes ou des vallées reculées.
Pour le chien, toutes les races ont été obtenues en pratiquant la consanguinité en ligne directe (frère-sœur, mère-fils) afin de conserver les caractéristiques souhaitées mais en contrepartie des problèmes de santé ou anomalies sont apparues (baisse de la fécondité, durée de vie écourtée, etc.). De plus, des tares héréditaires et des malformations congénitales sont apparues telles que des anomalies au niveau des yeux (entropion et ectropion) et des hanches (dysplasie).
Certaines races ont même failli disparaître purement et simplement à force d’être sélectionnées sur leur phénotype (taille et couleur de robe).
Afin de réduire ces phénomènes de consanguinité, la Société Centrale Canine et les clubs de race examinent avec intérêt les pédigrées des animaux concernés avant reproduction.
Article conçu avec le soutien de Pierre ZACHARIE, expert référent en pathologies des grands gibiers et en hygiène de la venaison