La recherche « au sang » n’est pas, comme on le croit souvent et à tort, une discipline exclusivement Germanique. Gaston Phoebus, Comte de Foix préconisait déjà au XIIIème siècle « l’emploi de brachets aptes à suivre la voie du sang ». Ce très grand chasseur avait érigé la chasse au rang d’art majeur au sein duquel la recherche du Grand Gibier blessé avait une place égale aux autres modes de chasse.
Une absence française expliquée par la chasse à courre
A cette époque, et même si les nobles faisaient de la chasse un entraînement à la guerre, il s’agissait aussi de récupérer la venaison à tout prix, le gibier procurant une source de protéines non négligeable dans un régime alimentaire parfois fort pauvre. Gaston Phoebus chassait pour prendre, et non pas pour blesser.
Puis la chasse de cette époque qui se pratiquait à l’épieu, fit rapidement place à la chasse à courre essentiellement ludique, chasse ne générant pas de blessures, puisque n’utilisant pas d’armes.
Durant une très longue période, l’art de la recherche allait disparaître de l’hexagone, tandis que chez nos voisins d’outre Rhin, la chasse à tir se développait rapidement, imposant un véritable « cahier des charges » contenant entre autres obligations, la recherche systématique des animaux blessés.
48 ans d’enseignement en Alsace et en Moselle
Il a fallu les « invasions modernes », et notamment la guerre de 1870 avec le traité de Francfort pour que la recherche au sang refasse son entrée dans notre pays, encore qu’après la défaite de la France dans ce conflit, les 3 départements du Nord Est suivants, Bas Rhin, Haut Rhin et Moselle annexés par l’Allemagne étaient de fait devenus Allemands, et régis par les lois chasse de ce pays.
C’est ainsi que durant 48 ans, les gardes Allemands vont inculquer l’art de la recherche (discipline alors totalement maîtrisée en Allemagne) aux Alsaciens et Mosellans qui, lors du retour de l’Alsace Lorraine à la France en 1918 vont garder les méthodes de gestion Germaniques, et faire perdurer la recherche au sang du Grand Gibier. La recherche va se trouver confinée dans ces seuls départements Alsaciens et Mosellans pendant encore 60 ans sans aucunement se développer dans le reste de l’Hexagone…
Déploiement de la recherche en France
En 1980, une poignée de précurseurs à l’initiative de l’ANCGG (Association Nationale des Chasseurs de Grand Gibier), persuadés que le développement de la chasse ne peut se faire sans se soucier du devenir des animaux blessés, décident de créer l’UNUCR (Union Nationale pour l’Utilisation de Chiens de Rouge), association à but non lucratif, destinée à regrouper tous les volontaires décidés à rechercher efficacement le Grand Gibier blessé ayant échappé au tireurs, ceci à l’aide de moyens efficaces (chiens spécialement éduqués).
La tâche est immense : statistiquement, environ 10% de la totalité du tableau de chasse est considéré comme blessé mortellement. Dans les départements les plus en pointe, le total des recherches atteint à peine plus de 1% du tableau.
Après 40 d’existence, l’UNUCR regroupe aujourd’hui environ 700 conducteurs agréés opérationnels, tous bénévoles, dans 85 départements. C’est beaucoup, par rapport à ses débuts, mais c’est encore bien peu compte-tenu du travail à réaliser.
Un outil efficace face à nos détracteurs
Aujourd’hui, face aux attaques de la chasse, et dans le cadre d’une éthique qui se doit d’être irréprochable, plus aucun animal ne devrait s’échapper blessé sans avoir été recherché à l’issue d’un acte de chasse. Des conducteurs de chiens de sang agréés sont à votre disposition bénévolement pour retrouver vos gibiers blessés. Aidez-les en ne relâchant pas vos chiens derrière les animaux que vous avez blessés, en balisant l’endroit du tir, et en les contactant le plus tôt possible afin qu’ils puissent s’organiser pour intervenir. Pour rappel, leurs numéros de téléphone sont indiqués sur votre carte sociétaire ou à défaut, contactez la déléguée départementale qui relayera l’information à tout le réseau 38 au 06 37 49 89 19.
Article produit par Pascal LACROIX, conducteur UNUCR 38