Les bergers sont en pleine montée d’alpage avec leurs troupeaux. Pour nous parler de cette transhumance, nous nous en sommes référés au directeur d’exploitation au lycée agricole de La Côte St André, organisme partenaire de la FDCI.
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Présentation de l’exploitation de La Côte St André
Le lycée agricole de La Côte St André possède trois champs d’activité : une formation initiale (280 élèves), une formation d’apprentissage pour les apprentis et les adultes en reconversion professionnelle (150 apprentis) et une exploitation agricole à vocation pédagogique et productive.
L’exploitation comprend actuellement quatre ateliers de production : une cinquantaine de vaches laitières (420 000 litres produits annuellement pour la fabrication fromagère), un troupeau de 120 brebis et 150 agneaux de race mérinos pour la viande (vente en directe ou en coopérative), une apiculture (300 colonies pour la production de miel et le renouvellement des ruches) et enfin, des cultures de blé et de maïs (85 ha) destinées au fourrage des vaches comme des moutons pour une gestion autonome de l’exploitation.
La transhumance : définition
Le principe de la transhumance est de monter en alpage des animaux d’élevage qu’ils s’agissent de vaches, de brebis, de moutons ou même, de chevaux afin de leur offrir une ressource fourragère complémentaire.
Cette tradition ancestrale, inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco, s’étale de mai à septembre selon la topographie du territoire. Le cheminement du troupeau peut être plus ou moins long jusqu’à l’alpage, de 2 à 20 km en moyenne et donne souvent lieu à une fête locale avec des animations variées, un marché des producteurs voire un bal populaire.
A l’exploitation de La Côte St André, ce sont les moutons qui transhument : environ 150 brebis et agneaux. Leur destination : le Groupement Pastoral des Cytises basé sur Chamrousse. Comme la distance est longue (89 km), l’exploitation de La Côte St André doit d’abord faire appel à un transporteur pour conduire le troupeau au pied de l’alpage. Sur place, deux bergers l’attendent pour parcourir avec eux 2 heures d’ascension jusqu’au sommet, situé à 2 500 mètres d’altitude. Ensuite, ils se relayeront pour la surveillance du troupeau jusqu’à la fin de l’été.
Les préparatifs
Avant la transhumance, les éleveurs doivent accomplir trois étapes majeures. Ils doivent d’abord sélectionner les animaux les plus robustes et les plus aptes à la marche. Ensuite, ils procèdent au parage, c’est-à-dire à la taille des onglons des moutons pour éviter toute blessure lors de l’ascension. Enfin, ils apposent un signe distinctif sur la laine de leurs bêtes afin de pouvoir les reconnaître au retour d’alpage, notamment lorsque celui-ci est mixé à un autre (jusqu’à 700 bêtes peuvent paître ensemble en alpage !).
Le métier de berger
Le travail du berger est très saisonnier. L’été, il assure la surveillance du troupeau. Son quotidien consiste ainsi à assurer la gestion des pâtures : repérage des meilleures pâtures, transfert du troupeau à la nouvelle zone, pose de clôtures pour les parcs mobiles, vérification de leur solidité et remise en état. Le soir, il conduit le troupeau au parc de nuit, un parc mobile électrifié à l’abri du Loup. Parfois, le berger accompagne aussi les brebis dans leur mise-bas.
En principe, on compte deux bergers par zone touristique. Ils peuvent solliciter l’aide d’un chien type Border collie pour contenir le troupeau et d’un Patou pour le protéger. Hors saison, ils peuvent assumer également un rôle d’animateurs auprès de la Fédération des Alpages de l’Isère (FAI).
La cohabitation avec le Loup
Tous les ans, des meutes de loups s’installent dans les alpages et commettent des dégâts sur les troupeaux. Sur Belledonne, jusqu’à quatre attaques sont recensées l’été. Le Loup s’en prend la plupart du temps à des animaux isolés (ceux qui n’ont pas suivi le troupeau au parc de nuit, par exemple). Mais, il peut aussi attaquer en journée, tout particulièrement lorsque le temps est brumeux et donc, la visibilité réduite.
En cas d’attaque, les brebis et agneaux affolées peuvent se dérocher (2-3 agneaux en moyenne) et des avortements sont aussi dénombrés annuellement.
La préservation du Tétras-lyre
Depuis 2010, le Tétras-lyre voit ses effectifs se stabiliser dans les Alpes après plusieurs décennies en baisse. Cette situation satisfaisante peut s’expliquer notamment par la mobilisation de nombreux acteurs de la ruralité pour préserver le Tétras et ses habitats. Une entente existe depuis 2008 entre la Fédération des Alpages de l’Isère et la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Isère pour agir communément à sa conservation. Le plus souvent, les moutons et vaches sont mis en pâture en dehors des zones de reproduction de l’oiseau. Ils peuvent également être utilisés pour entretenir voire rouvrir régulièrement les landes à rhododendrons et myrtilles, si chères au Tétras. D’autres partenaires comme Espace Belledonne et les Parcs Naturels Régionaux s’associent également à cet effort de conservation.