La chasse au lièvre a débuté voilà une semaine. Pour rester en condition, nous vos proposons de lire le témoignage de Gilbert Grand, chasseur sur la commune de Le Pin qui a justement créancé ses chiens pour le chasser. Il nous explique comment le lièvre est devenu sa chasse favorite.
Premiers émois
Il a fallu attendre que je connaisse ma future épouse pour entrer dans le monde de la chasse. Mon beau-père avait à l’époque une réelle passion pour les armes, les chiens courants et la chasse en général, notamment celle du lièvre. Je l’ai suivi sur le terrain, d’abord par curiosité, et c’est là que j’ai découvert le travail opiniâtre d’un chien croisé porcelaine-griffon dans la quête du gibier. Il s’appelait Piston (chien de garagiste, ça ne s’invente pas !). Sa sûreté sur la piste du capucin, sa voix profonde dans le rapprocher et la menée, m’ont convaincu de prendre mon permis.
Première meute
J’avais soif d’apprendre, j’ai beaucoup écouté les conseils de gens compétents, beaucoup lu aussi à propos de la chasse du lièvre. Très vite, j’ai adopté un chiot ariégeois, une race qui m’a toujours donné de grandes satisfactions. Les aptitudes cynégétiques de ce premier spécimen étant particulièrement brillantes, j’ai acquis la certitude qu’il fallait élever à partir de cette souche. Je n’ai pas été très long à me trouver à la tête d’une jolie meute d’une dizaine d’ariégeois. Ce chien est particulièrement docile, à l’écoute du maître et naturellement intéressé par le lièvre. Lorsqu’on a introduit le chevreuil sur nos territoires, j’ai pris la décision de créancer mes chiens afin d’éviter que ce nouveau gibier les intéresse lors de nos sorties. Du travail à l’ancienne, avec la corne et le fouet de vénerie. Et ça a marché. Quel bonheur de croiser la piste des biquets sans qu’un seul chien quitte la voie d’un capucin pour un brocard ou une chevrette !
Premières quêtes
Je courais vite à l’époque et j’étais toujours aux chiens. Je savais en général quel était l’animal de chasse, à la forme et la grosseur des crottes découvertes pendant la recherche. Il m’est arrivé souvent de couper la quête lorsqu’en période de tir, je repérais les crottes d’une grosse hase reproductrice… que j’avais plaisir à faire courir lorsque personne n’avait le droit de tirer. Ce qui est particulièrement intéressant lorsqu’on chasse le lièvre, c’est de se trouver confronté à la diversité de ses ruses, à ses aptitudes à contrarier la poursuite des chiens. La voie devenant plus fugace au cours de la menée, le pied est souvent difficile à suivre et les conduit à l’abandon. Je terminerai mon propos en affirmant que le lièvre est un gibier noble, qui mérite d’être respecté : la chasse aux chiens courants donne une chance à l’animal… à condition qu’il ne soit pas tiré au départ.