Suite à la pandémie liée au coronavirus, la population Française découvre les contraintes d’une pandémie. Dans le domaine de la faune sauvage, même si pour l’instant nous ne connaissons pas de pandémie mondiale, de nombreux cas complexes ont du être gérés, le sont encore ou devront l’être.
Voyons quelles sont les contraintes à la fois techniques, réglementaires, sanitaires et économiques ainsi que les moyens de lutte mis en oeuvre pour essayer de juguler ces maladies.
Apparition d’une crise sanitaire
Une crise sanitaire éclate lorsqu’une maladie apparait brutalement et affecte un domaine qui semblait auparavant protégé par l’organisation du marché ou de la vie publique.
Ces crises peuvent avoir un lien avec la biodiversité car une ou plusieurs espèces animales sauvages sont mises en cause dans le processus de transmission d’un agent pathogène à l’Homme ou aux animaux domestiques (rage du renard, grippe aviaire, tuberculose du blaireau, brucellose du bouquetin). Dans cette situation, la barrière des espèces, censée protéger l’Homme de l’agression des agents pathogènes animaux menace d’être franchie et d’ouvrir la voie à une pandémie.
Dans bien des exemples de zoonoses (maladies transmisssibles à l’Homme et aux animaux), les animaux sauvages sont les victimes prioritaires des épidémies et donc les sentinelles du danger (exemple du virus du West Nile chez les oiseaux en Camargue).
Dans d’autres cas (maladies non zoonotiques), ils peuvent être les signaux d’une pandémie économique (Peste Porcine Africaine ou PPA).
Surveillance et gestion des maladies de la faune sauvage
Ces questions ne sont pas simples à gérer car les acteurs sont nombreux et leurs attentes et demandes sont parfois différentes :
- Demande scientifique :
Celle-ci est relative à la gestion de la biodiversité. Il est alors demandé de faire un inventaire des maladies, des agents pathogènes et de mettre en place un système d’épidémio-surveillance. Cette demande concerne le Ministère chargé de l’Agriculture mais également les Instituts de recherche, l’Office National des Forêts (ONF), les associations de protection de la nature. Pour ces dernières, la biodiversité reste un dogme. Il doit être pris en compte dans la gestion d’une maladie mais est et reste très difficile à gérer pour les autres intervenants (exemple : le blaireau pour la tuberculose ou le bouquetin pour la brucellose) en raison de sensibleries allant à l’encontre de l’aspect scientifique et des réalités de terrain.
- Demande cynégétique :
Celle-ci émane des Fédérations Départementales des Chasseurs (FDC) ou de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) afin de savoir si le gibier est en bonne santé, s’il y a des risques à manipuler du gibier et s’il y a des risques pour les chiens de chasse.
La demande peut également avoir une approche liée aux dégâts de gibiers liés à une surpopulation ponctuelle ou pas (Syndicats agricoles – ONF).
En ce qui concerne les associations de protection de la nature, l’approche du problème est relativement différente encore une fois. En effet, pour la plupart d’entre elles, l’axiome sur les maladies se décline de la façon suivante : « les plus faibles meurent, les plus solides restent!“ Il faut laisser faire la nature. Dont acte !!
- Demande économique :
La question est de savoir s’il y a un risque de transmission des maladies (réglementées ou pas) aux animaux d’élevage. Cette dernière interrogation concerne le Ministère chargé de l’Agriculture dont la Direction Générale de l’Alimentation (DGAl), les éleveurs et leurs syndicats et enfin, les Groupements de Défense Sanitaire (GDS).
Vers une nouvelle gouvernance sanitaire de la gestion des crises par le Ministère de l’Agriculture
La gestion des risques liés à la faune sauvage, c’est à dire la persistance, la transmission d’agents pathogènes dans la faune sauvage et transmissibles à l’Homme ou aux animaux domestiques de ces agents pathogènes a considérablement évolué au cours des dernières années à partir de situations diverses qui ont abouti au fait d’intégrer désormais la surveillance sanitaire de la faune sauvage dans les politiques publiques de santé animale.
La loi Agricole de 2011 consécutive aux états généraux du sanitaire (qui ce sont déroulés la même année) a permis la mise en place de plusieurs dispositifs dont certains sont opérationnels (plateforme ESA : Epidémiologie en Santé Animale, plan SYLVATUB (surveillance de la tuberculose en faune sauvage). D’autres ont été prévus par les textes et se mettent en place rapidement : conseils d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale, reconnaissance d’organismes à vocation sanitaire Ces dispositifs finalisent et réglementent enfin des structures d’information et de gestion qui existaient avant la nouvelle loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (parue en 2014).
Cette loi d’avenir reconnait en particulier l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS intégré maintenant à l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et aux Fédérations Départementales des Chasseurs, un rôle primordial dans la surveillance et la gestion sanitaire de la faune sauvage (Réseau SAGIR). Les organismes fédérant les chasseurs ont notamment l’obligation de déclarer les cas de maladies réglementées qu’ils seraient amenés à découvrir.
Ils ont également comme obligation de former les chasseurs à l’examen sanitaire des venaisons pour détecter d’éventuelles anomalies sur les grands gibiers (la formation sur ce thème a été mise en place en 2006 et certifiée). Environ 370 formateurs (agents des FDC) ont été formés et ces derniers ont eux–mêmes assuré la formation auprès de plus de 60 000 chasseurs dans toute la France.
Enfin, en 2012 l’ONCFS et la FNC ont intégré la plateforme ESA.
Différentes étapes dans la gestion des maladies du gibier sauvage :
- 1968 : Rage Vulpine
- 1977 : Kératoconjonctivite des ongulés de montagne
- 1986 : Création du réseau SAGIR
- 1992 : Peste Porcine Classique en Alsace
- 1993 : Brucellose Porcine
- 1998 : Surveillance des Maladies Réputées Contagieuses (travail conjoint entre la Direction Générale de l’Alimentation, l’ONCFS, l’AFSSA ou Agence Française de Sécurité des Aliments)
- 2000 : Virus du West Nile sur la faune aviaire
- 2001 : 1er cas de tuberculose en faune sauvage
- 2006 : Influenza aviaire (mise en place de la formation des chasseurs aux pathologies et à l’hygiène de la venaison)
- 2007 : Fièvre Catharrale Ovine
- 2011 : Virus de Schmallenberg
- 2012 : Brucellose du bouquetin en Haute Savoie
- 2013 – 2014 : West Nile (maladie de l’oedème sur sangliers en Ardèche)
- 2016 : Influenza aviaire
- 2018 : Charbon bactéridien dans les Hautes Alpes
La gestion et les mesures de police sanitaire ont vraiment débuté avec l’apparition de la rage vulpine. En 1952, une maladie très infectieuse pour les lagomorphes (lapins et à un degré faible les lièvres) : « la myxomatose » avait été introduite sur le territoire national volontairement. Cette dernière eut pour conséquence la quasi disparition du lapin de garenne: espèce qui était la base de la chasse rurale. Aujourd’hui, malgré des essais de vaccination par divers procédés les populations de lapins restent à un niveau très bas sur l’essentiel du territoire.
Modalités de transmission des agents pathogènes
En faune sauvage, après plus de 40 années d’études et d’épidémio-surveillance, hormis pour les animaux vivants sains ou apparemment sains ou bien les cadavres, il a été prouvé que le réservoir sauvage était souvent inapparent et que l’épidémiologie était complexe.
Que sait-on sur les modalités de transmission des maladies ?
Transmission directe :
- Celle-ci peut s’effectuer de « museau à museau », de « bec à bec », « côte à côte ».
Ce sont des maladies très contagieuses dues à des germes fragiles.
Exemples :
– Pasteurellose pulmonaire des ongulés (ovins-bovins —>ongulés)m
– Maladie de Newcastle des oiseaux (volailles —> oiseaux sauvages)
– Gale sarcoptique (chien <—> renard -sanglier)
- Elle peut également se transmettre par voie vénérienne.
Exemples :
– Brucellose des suidés (sanglier —> porc)
– Maladie d’Aujeszky (sanglier —> porc)
Transmission indirecte :
- Par succession sur des prairies contaminées. Les germes sont alors résistants dans le milieu extérieur.
Exemples :
– Brucellose et maladies abortives des ruminants
– Tuberculose
– Charbon bactéridien
– Echinococcose alvéolaire
- Par vecteurs piqueurs.
Exemples :
– Fièvre Catharrale Ovine (par certains moucherons)
– Myxomatose du lapin (par les puces)
– Tularémie du lièvre (par les tiques)
– Maladies de Lyme (par les tiques)
- Par vecteurs mécaniques.
Exemple : kérato-conjonctivite des ongulés de montagne (par les mouches)
- Par l’Homme cf. lâchers d’animaux de façon illégale dans la nature
Exemple: Sanglier pour la tuberculose en France et pour la PPA en Belgique
En plus de ces différents modes de transmission, il est un élément incontournable dans le développement de ces maladies : l’expansion démographique galopante de certaines espèces sauvages réservoirs telles que le sanglier, les cervidés sur certains secteurs, le renard ,le blaireau , le ragondin.
Plus une population animale augmente et plus les risques de transmission d’une pathologie augmentent. La cinétique des maladies suit la même courbe que celle des populations.
Exemple de gestion d’une zoonose : la Tuberculose
Étiologie :
La Tuberculose est une maladie infectieuse commune à l’Homme et aux animaux. Elle est due à une bactérie du genbre mycobacterium (essentiellement bovis). C’est une Maladie Réputée Contagieuse (MRC) à déclaration obligatoire et à mesures de police sanitaire.
Le mode de contagion est lent, lié à des contacts entre animaux de façon rapprochée et répétée.
La France a pour l’instant le statut d’officiellement indemne de Tuberculose depuis les années 2000 malgré une augmentation du nombre de cas. Ce statut permet donc à notre pays et à ses éleveurs de pouvoir assurer des exportations de bovins dans le monde entier avec une qualification sanitaire évidente. La perte de ce statut aurait des conséquences économiques graves pour les acteurs du monde de l’élevage. Les enjeux pour cette maladie sont donc importants et d’ordre de la santé animale, de la santé publique, d’ordre cynégétique mais surtout d’ordre financier.
Répartition géographique :
La Tuberculose est présente dans le monde entier. Elle est quasiment toujours d’origine bovine. Elle s’est entre autres propagée sur les espèces suivantes et dans les pays suivants :
- le blaireau au Royaume Uni
- le sanglier, le cerf, le lynx en Espagne et au Portugal
- l’Oryx (antilope) en Arabie
- le buffle, le Grand Koudou (antilope), le lion en Afrique
- le buffle d’eau, le sanglier et le possum (marsupiaux) en Océanie
En France, aucun cas sur la faune sauvage n’avait été constaté jusqu’en 2001 où deux grands cervidés ont été diagnostiqués par deux chasseurs formés et confirmés tuberculeux au laboratoire. Ces deux premiers cas apparurent en Normandie. Depuis, de nombreux autres se sont déclarés en Côte d’Or, en Corse et dans tout le grand quart sud–ouest.
Espèces sauvages concernées :
Essentiellement les grands cervidés où la maladie se présente surtout sous forme pulmonaire et provoque des lésions très sérieuses voire mortelles.
- Les sangliers sont également touchés mais ils résistent bien à la bactérie et sont souvent des porteurs sains. La maladie est principalement d’origine digestive.
- Le blaireau qui est à la fois vecteur et porteur sain des espèces précedemment citées.
- L’Homme est faiblement sensible à mycobacterium bovis (- de 2 % de cas liés à cette bactérie) Par contre, il est plus sensible à la Tuberculose liée à mycobacterium tuberculosis que l’on rencontre encore souvent dans les pays en voie de développement et que l’on diagnostique en France plus fréquemment en raison de flux migratoires humains.
Prévention des cas de Tuberculose :
Chez les ruminants domestiques :
- contrôles sanguins réguliers (tuberculination) vers 1960–1970 afin d’établir un classement sanitaire des exploitations (étables indemne de tuberculose)
- prise de sang à l’achat des bovins et contrôles documentaires individuels des bovins
- confinement et mise en quarantaine des bovins douteux
- abattages subventionnés d’animaux (parfois de troupeaux entiers)
Chez l’Homme :
- essentiellement la vaccination (BCG)
- la bactérie étant sensible à la chaleur, la technique de pasteurisation du lait a été un des moyens les plus efficaces pour faire chuter les cas de tuberculose humaine
La bactérie étant également sensible aux rayons UV solaires la création de sanatorium a permis également de juguler les cas humains
Les progrès en matière d’hygiène corporelle et des locaux ont permis aussi de réduire l’incidence de cette maladie car la mycobactérie est sensible à certains désinfectants usuels tels que l’iode, l’alcool, les phénols et le formol.
Pourquoi une recrudescence bovine et l’apparition de cas en faune sauvage ?
Recrudescence bovine :
- Les contrôles sanitaires administratifs se sont allégés. D’un examen annuel, la fréquence des analyses est passée à 2 voire 3 ans.
- Des importations de bovins de façon illégale se sont produites avec quasiment plus de contrôles aux frontières ou à l’arrivée en exploitations.
- Certaines catégories de professionnels ont participé à ces pratiques illégales : négociants en bestiaux, exploitants agricoles, vétérinaires, abatteurs.
Cas en faune sauvage :
- Augmentation des jachères et déprise agricole qui ont permis l’explosion de certaines populations (sanglier notamment).
- Production à outrance de culture de maïs favorisant là aussi les populations de sangliers, notamment à proximité des zones d’élevage.
- Concentration au sein-même des exploitations ou des zones d’élevage d’espèces sauvage dont le blaireau ou le renard.
- Agrainage à postes fixes.
- Développement des élevages de plein air, pas toujours respectueux des conditions matérielles adéquates (grillages solides et enterrés).
- Importation illégale de sangliers ou plus rarement de cervidés pour des chasses commerciales privées.
Quelles sont les mesures de lutte mises en place en faune sauvage sur le terrain ?
Contrôle de l’infection :
- réduction significative des populations sauvages : cerf , sanglier mais aussi blaireau et renard (même si le renard pourrait être un cul de sac épidémiologique , ce qui reste à prouver)
- interdiction de l’affouragement et de l’agrainage à postes fixes
- collecte et destruction des viscères d’animaux tués à la chasse
- amélioration de la communication et des échanges entre différents services administratifs ou autres : FDC, DDPP, DDT, ONF, ONCFS, DRAAF, Conseils départementaux
Surveillance épidémiologique :
- transmission au laboratoire vétérinaire départemental de toutes lésions abcédées ou douteuses découvertes par les chasseurs: réseau SYLVATUB
- prélèvements et analyses d’autres espèces pouvant être vectrices de la maladie (blaireau, renard)
- tuberculination annuelle des troupeaux bovins exposés
- typage des souches de mycobacteries afin de déterminer l’origine
- amélioration de la communication et des échanges entre différents services administratifs et autres
Protection des cheptels domestiques :
- amélioration de la séparation physique entre bovins et animaux sauvages grâce au confinement (clôtures étanches) de certaines pâtures en lisière de forêt
- nettoyage et désinfection des mangeoires et abreuvoirs afin de les protéger des défécations des blaireaux et renards
- amélioration de la communication et des échanges entre différents services administratifs et autres
Protection de la santé publique :
- inspection vétérinaire systématique des venaisons
- campagne de communication et d’information des chasseurs sur les règles de prévention minimales à suivre afin d’éviter une contamination (usage de gants, cuisson des venaisons)
- formation des chasseurs aux techniques de prélèvements de certains organes (ganglions lymphatiques par exemple) en vue d’enquêtes épidémiologiques car ce sont eux les véritables sentinelles dans cette maladie.
Exemple de gestion d’une maladie non zoonotique : la Peste Porcine Africaine (PPA)
Particularité :
Pour l’instant, cette maladie n’est pas présente dans l’Hexagone. Par contre, cette dernière est fortement présente en Belgique ; ce qui a obligé les autorités françaises à mettre en place rapidement des mesures de bio-sécurité et de bio-vigilance sur le terrain dans les départements des Ardennes, de la Meuse et de la Meurthe et Moselle.
Étiologie et espèces touchées :
Elle est due à un virus qui ne touche que les suidés sauvages et domestiques (porcs, sangliers, phacochères). La PPA n’est pas transmissible à l’Homme.
Elle peut se transmettre par :
- contacts entre porcs et ou sangliers
- certaines tiques (en Afrique)
- consommation par les animaux de déchets laissés dans la nature
- les dépôts d’ordures
- des lâchers de sangliers de manière illégale.
Le virus est très résistant dans l’environnement (plusieurs centaines de jours) et dans la nourriture. Il résiste d’ailleurs à la congélation mais pas à la cuisson des denrées contaminées.
La maladie se traduit par une forte mortalité aïgue et rapide des animaux concernés et de toutes les classes d’âge.
Distribution géographique :
- Elle est présente à l’état endémique depuis les années 1900 en Afrique sub-saharienne.
- Elle a été introduite en Europe dans les années 1960 et 1990 en Espagne puis, au Portugal (il a fallut plus de 30 années pour l’éradiquer).
- Elle est présente en Sardaigne depuis près de 40 ans.
- Elle a fait son apparition en 2007 en Georgie à cause d’un transport en bateau de déchets de cuisine (porcs) en provenance d’Afrique de l’Est.
- Depuis 2014, nous constatons une extension de la maladie en Europe : la Russie, la Pologne, la Biélorussie, la Moldavie et les Pays Baltes , la République Tchèque, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne sont tour à tour touchés.
- En 2018, un foyer a été déclaré en Belgique.
La cause de ce dernier n’est pas encore officiellement connue mais deux hypothèses sont retenues :
- la présence de déchets de repas contaminés (chauffeurs routiers venant des Pays de l’Est) sur les aires d’autoroute)
- le lâcher illégal de sangliers (hypothèse la plus probable)
La maladie en Belgique :
Extension de la PPA :
- de 2 à 4 km par mois
- le 13 septembre 2018 : 3 premiers sangliers confirmés positifs
- le 13 octobre2018 : 89 sangliers confirmés positifs
- le 7 février 2019 : 439 sangliers confirmés positifs
- le 11 avril 2020 : 833 sangliers confirmés positifs
Mesures prises : création de 3 zones géographiques distinctes :
- Zone noyau ou infectée 13000 ha :
* interdiction de chasse, de nourrissage et d’exploitation de la forêt
* recherche active par les chasseurs et par les services de l’état (Forêt, Protection Civile, Armée) des cadavres de sangliers
* collecte des cadavres (« emballage » en bâches individuelles) et géolocalisation individuelle
* envoi au centre d’examen vétérinaire spécialement conçu sur la zone, examen individuel de chaque sanglier puis, équarrissage
* plus d’activité de loisirs, ni forestière dans la zone
- Zone tampon 30 000 ha :
* interdiction de chasse, de nourrissage
* circulation et exploitation forestière autorisées sur la base de dérogations réservées aux professionnels
* recherche active par les chasseurs, par les services de l’état (Forêt, Protection Civile, Armée) des cadavres de sangliers
* collecte des cadavres (« emballage » en bâches individuelles) et géolocalisation individuelle
* envoi au centre d’examen vétérinaire spécialement conçu sur la zone, examen individuel de chaque sanglier puis équarrissage
* plus d’activités de loisirs dans la zone
* pose de clôtures
- Zone d’observation renforcée 21000 ha :
* pas de nourrissage
* recherche des cadavres et analyses
* chasse ouverte à l’approche, à l’affût ou en battue sans chiens
* autorisation de tirs de nuit pour les titulaires de droit de chasse
* obligation pour les chasseurs de suivre une formation aux règles de bio-sécurité
* promenades de loisirs autorisées sous condition
Conséquences de la PPA en Belgique :
En plus de celles précédemment citées on doit notifier :
- le recensement et l’abattage préventif des porcs domestiques des zones concernées
- l’arrêt de l’exportation des viandes de porc
- l’arrêt de l’exploitation du bois pour les forêts concernées
- l’arrêt des activités de loisirs sur certaines zones pendant plusieurs mois
Mesures mises en place en France :
Sur les trois départements limitrophes : les Ardennes , la Meuse, la Meurthe et Moselle et à un degré moindre la Moselle, il a été mis en place :
- la pose de grillages afin de confiner les sangliers (+ de 300 km ) le long de la frontière Belge
- la création de 2 zones :
– une zone blanche sur un rayon d’environ 80 km par rapport à la Belgique délimitée elle aussi par des clôtures enterrées avec destruction de tous les sangliers. Dans cette zone, de gros moyens matériels et humains ont été utilisés, réquisitionnés ou en position d’astreinte (hélicoptères , caméras thermiques , agents des FDC , de l’ONF, de l’ONCFS, de l’armée et des gendarmeries). Dans cette zone, les activités forestières et de loisirs ont été également interdites
– une zone d’observation avec une réduction drastique des populations de sangliers
- l’analyse systématique des sangliers trouvés morts
- l’arrêt de l’exploitation forestière
- la formation des chasseurs à l’hygiène de la venaison et aux mesures de bio-sécurité (plusieurs centaines de chasseurs ont été formés à cet effet)
Dans toute la France un échantillonnage et une analyse des sangliers trouvés morts ont été effectués.
Épidémiologie et stratégie en France :
Pour l’instant et grâce à ces mesures mises en place, aucun cas positif n’a été constaté sur le territoire sur les quelques 400 sangliers analysés. Mais ne crions pas victoire car rien n’est acquis.
En effet, comme nous l’avons vu en Belgique, la PPA aurait des conséquences économiques très graves voire dramatiques dans plusieurs secteurs :
- les élevages porcins (avec la perte du statut d’élevage indemne de peste porcine)
- l’arrêt de l’exploitation forestière et donc du bois
- l’arrêt des activités de loisirs dont la chasse
- la révision des baux de location de forêts domaniales pour la chasse et le bois
Il est à noter que dans le cadre de la mise en place de ces mesures, la majorité des acteurs : ministères, préfectures, directions, fédérations, organismes privés, offices et syndicats se sont largement investis positivement dans la démarche.
Il est dommageable (n’ayons pas peur de le dire) que certaines associations de protection de la nature (sans doute toujours en raison du dogme de cette sacro -sainte biodiversité), n’aient pas cru bon de participer à certaines actions, allant même jusqu’à revendiquer l’arrachage de certaines portions de clôtures !
Comme nous venons de le voir, la mise en place de mesures d’épidémio-surveillance, vigilance ou de bio–sécurité en faune sauvage est complexe car de multiples acteurs sont concernés et ne se sentent pas forcément mobilisés ou concernés pour une action commune.
Il faut cependant noter que le monde de la chasse a prouvé à plusieurs reprises sa réactivité devant les événements. En effet, aux deux maladies précédemment évoquées on peut rajouter la brucellose du bouquetin, la maladie d’Aujeszky et la Trichinellose chez le sanglier, la myxomatose chez le lapin, la Kérato-Conjonctivite des ongulés de montagne, l’échinococcose alvéolaire du renard.
Pour chacune de ces maladies, les chasseurs ont pleinement joué leur rôle de sentinelle sanitaire, montré leur efficacité et participé humainement et financièrement à tous les protocoles de recherche.
Ceci a permis de démontrer scientifiquement que :
- la contamination de la faune sauvage est quasiment toujours d’origine domestique et peut également être un réservoir secondaire d’une maladie (cas de la tuberculose)
- les fortes densités et les concentrations artificielles d’origine sauvage augmentent les risques d’apparition ou de persistance de maladies (cas de la tuberculose)
- la faune sauvage peut également être le réservoir primaire de certaines maladies (Maladie d’Aujeszky et Brucellose chez le sanglier)
- la faune sauvage peut être sentinelle d’infections domestiques (Influenza aviaire, botulisme)
- l’Homme est souvent fortement impliqué dans la transmission de certaines maladies
Il est bon de rappeler hélas qu’une fois dans la faune sauvage, l’éradication d’une maladie reste illusoire (exemple de la tuberculose et de la myxomatose).
La faune sauvage fait donc partie intégrante de l’épidémiologie des maladies animales et parfois humaines. Il est donc indispensable de la surveiller afin d’évaluer et de réduire très sérieusement ces risques :
- en maîtrisant mieux la densité de certaines populations
- en prenant également des mesures sérieuses de bio-sécurité dans les exploitations d’animaux domestiques car la faune sauvage ne doit pas être le bouc émissaire de tous les problèmes sanitaires de l’élevage frnaçais.
Pierre ZACHARIE
Ingénieur des Services Vétérinaires
Expert référent en pathologies des Grands gibiers et en hygiène de la venaison
Bibliographie :
- Les zoonoses transmises par la faune sauvage- Gestion et crises sanitaires- Approche pluri-disciplinaires. MAAF (Novembre 2014)
- Risques sanitaires et faune sauvage – Maladies contagieuses et émergentes à l’interface faune domestique et sauvage. J. HARS 2017
- Plateforme d’épidémio-surveillance ESA 2020