La saison de chasse 2019-2020 qui a totalisé 16 205 chasseurs en Isère est à présent terminée ou presque… Le grand-gibier était au rendez-vous, surtout le Sanglier qui a enregistré des prélèvements-records sur notre département. A contrario, le Lièvre brun a été fragilisé par une épidémie. Quant aux oiseaux de passage, dont la migration reste aléatoire, les chasseurs ont pu expérimenter un nouvel outil : l’application mobile Chassadapt pour déclarer sur le terrain leurs prélèvements. Le détail ci-après.
Une année-record pour le Sanglier
Cette année, 7 693 sangliers ont été prélevés en Isère (en date du 29 février) : un score bien au-dessus de la moyenne départementale fixée à 6 040 depuis 2015. Du jamais vu ! Seules 4 unités de gestion (sur 26) ont d’ailleurs réalisé des prélèvements inférieurs à cette moyenne.
La saison de chasse du Sanglier n’est cependant pas terminée. Une extension au 31 mars vient d’être adoptée conformément aux
souhaits du Ministère de l’environnement et de la FNC. Cette chasse soumise à autorisation du comité local de gestion, est possible en battue (équipe unique), à l’approche et/ou l’affût dans l’unique but, d’enrayer localement les dégâts sur les cultures.
Malgré de forts prélèvements, la surface agricole détruite reste pour l’instant tolérable en Isère : 180 ha détruits ; ce qui reste en dessous du plafond départemental admissible de 373 ha (somme des plafonds par unités de gestion). A date identique, l’an passé, 194 ha de cultures ont été impactées, 357 ha, il y a 2 ans.
Un épisode EBHS pour le Lièvre
En cours de saison, le Lièvre brun a connu un épisode d’EBHS (European Brown Hare Syndrom), un virus hautement pathogène qui se caractérise par une mort rapide parfois accompagnée d’écoulement sanguin aux orifices naturels. Les chasseurs isérois ont pu donner l’alerte et porter des cadavres en laboratoire. Grâce à eux, une trentaine d’analyses ont pu être effectuées et ainsi, confirmer la présence de l’EBHS dans la plaine de la Bièvre et environ 20 km à la ronde. Nous ignorons à ce jour l’impact réel sur les populations de Lièvre brun mais les comptages nocturnes qui viennent d’être réalisés permettront d’y voir plus clair.
Les grands ongulés dans le sillage du PRFB
Malgré de nombreux cas de prédation recensés par les chasseurs, la réalisation du plan de chasse Cerf reste importante dans les noyaux de population historique (massifs du Trièves, Vercors, Belledonne et Chartreuse) : 888 cerfs tirés sur les 1 081 inscrits au plan de chasse. Si localement, l’objectif était de faire baisser les populations, nous constatons aussi l’installation de micro populations dans le Nord Isère (secteur des Bonnevaux et des Avenières).
Pour le Chevreuil, les attributions plan de chasse ont légèrement augmenté mais la réalisation décline légèrement : 7 003 chevreuils tirés sur 7 717 autorisés.
Les effectifs Chamois sont restés quant à eux, à la stabilité (1 827 prélèvements sur 2 147 autorisés). A l’inverse, les mouflons affichent une baisse de réalisation : 405 bêtes tirées sur 577 inscrites au plan de chasse. Cette chute du plan de chasse est due à la prédation par le Loup, qui privilégie le Mouflon, moins apte à se défendre que d’autres espèces. A noter que 13 meutes du grand canidé étaient confirmées sur le territoire isérois par l’Administration fin 2018…
À court terme, le Plan Régional de la Forêt et du Bois aura aussi des conséquences sur les plans de chasse des ongulés sur les unités de gestion où l’équilibre agro-sylvo-cynégétique a été jugé menacé ou rompu.
Gestion adaptative pour la Tourterelle des bois et la Bécasse
En Isère, les gibiers inscrivant les plus forts prélèvements restent les oiseaux de passage : les grives (musicienne, draine, litorne et mauvis), le Pigeon ramier, le Merle, l’Alouette et la Bécasse des bois. Le caractère éphémère de ces espèces et la diversité de leurs modes de chasse (devant soi, à la passée, à la billebaude ou encore, la chasse aux alières) expliquent certainement leur engouement. Au total, le Pigeon ramier enregistre plus de 15 000 prélèvements et les turdidés (merles et grives), 33 000.
Pour certaines de ces espèces, cette saison aura été surtout marquée par la gestion adaptative et la prise en main initiatique de Chassadapt, une application mobile consacrée à la saisie des prélèvements. Certains oiseaux ont été soumis à un quota national comme la Tourterelle des bois fixé à 18 000 oiseaux en France avec utilisation obligatoire de Chassadapt. Le Courlis cendré faisait initialement parti de l’expérience Chassadapt mais l’arrêté ministériel qui prévoyait un quota de 6 000 oiseaux a été rompu, fermant la chasse de cette espèce pour cette saison. Pour la Bécasse des bois, le chasseur avait possibilité cette année de remplacer son carnet de prélèvement papier par l’application mobile de façon volontaire. Son PMA (Plan Maximum Autorisé) a été maintenu à 30 oiseaux par saison par chasseur et sa déclinaison départementale, à 6 oiseaux par semaine et 3 par jour. Outre ces déclarations en temps réel, l’enjeu consistait aussi à informer les utilisateurs de l’évolution des prélèvements et de l’atteinte des quotas par des pastilles de couleur. L’épluchage des données est en cours par la FNC. Nous ne manquerons pas d’échanger avec vous le moment venu.