Depuis la domestication, les rapports entre les hommes et les animaux n’ont cessé d’évoluer. De nouvelles conceptions idéologiques sont apparues imposant à tous, le bien-être animal. La chasse, droit acquis à la Révolution française est de fait, questionnée sur sa moralité.
Les distinctions animales
On distingue actuellement trois types d’animaux :
- Les animaux domestiques ou de compagnie pour qui, nous portons de l’affection, qui sont considérés comme des membres de la famille,
- Les animaux de rente ou d’élevage utilisés pour leur travail, leur viande ou leur lait à qui, nous devons offrir des conditions de vie décentes,
- Et enfin, les animaux sauvages avec lesquels nous entretenons aucune relation individualisée mais qui concourent à la biodiversité.
La relation homme-animal
Initialement, l’animal d’élevage et domestique répond à une unique fonction : satisfaire nos besoins humains pour se nourrir, s’habiller, nous tenir compagnie et nous protéger. Au début du XXème siècle, l’urbanisation entraîne un éloignement avec les animaux de la ferme et la faune sauvage. Parallèlement, la relation avec les animaux de compagnie s’intensifie et la consommation de viande, jusqu’alors réservé aux riches, se généralise.
Aujourd’hui, nous assistons à un retournement de situation. L’extension des villes remet en contact les hommes avec la faune sauvage. Les grands ongulés (sangliers, cerfs et chevreuils) génèrent des dégâts en agriculture et en sylviculture. L’impact environnemental de l’élevage est de plus en plus dénoncé et le bio devient la norme. Par ailleurs, la consommation de viande diminue (- 12% depuis 2010).
L’anthropomorphisme
L’animal de compagnie devient peu à peu la référence dans notre société. Après lui avoir reconnu des capacités et sensibilités significatives et s’être soucier de son bien-être, on lui attribue aujourd’hui des émotions. Jean de La Fontaine était déjà, précurseur en la matière dans ses fables animalières. Dans les dessins-animés de Walt Disney, les représentations animales ont aussi beaucoup évolué. Bambi, en 1942, mettait en scène des animaux très réalistes. A l’inverse, dans Zootopie, sorti au cinéma en 2016, les animaux se tiennent debout, portent des vêtements, et utilisent même un smartphone ! L’anthropomorphisme est alors à son apogée.
Les courants idéologiques
Les écologistes considèrent les animaux comme un élément essentiel de la biodiversité. Ils critiquent la destruction de leur habitat, la pollution et l’élevage industriel mais accepte un élevage durable et une chasse raisonnée. Les welfaristes, eux se focalisent sur le bien-être animal et prônent leur usage éthique. Certains d’entre eux, appelés abolitionnistes, s’opposent ainsi aux cirques et à la corrida. Enfin, les animalistes accordent les mêmes droits aux Hommes qu’aux animaux. Ils dénoncent les abattoirs et les expérimentations médicales mais surtout, remettent en cause le statut de propriété de l’animal.
Et les chasseurs dans tout ça ? Ils se retrouvent dans l’approche environnementaliste pour l’entretien de la biodiversité mais aussi, dans celle des welfaristes pour leur vision d’une société élargie au monde animal.
Les chasseurs dans le viseur
Le chasseur fait l’objet d’une triple attention à l’égard de ses concitoyens. La première concerne les soins prodigués au chien de chasse. Les deux autres visent les animaux de lâcher ou chassés en parcs.
La majorité des chasseurs prennent grand soin de leur compagnon de chasse avec lequel ils tissent un lien affectif. Ils l’équipent de gilet de protection contre les blessures de sanglier, de collier de repérage pour ne pas le perdre en forêt et sont très actifs sur les plateformes en ligne tel que le groupe Facebook « retrouver mon chien ».
Le gibier d’élevage (faisans et perdrix essentiellement) est certes destiné au tir mais les éleveurs sont astreints à des règles sanitaires très strictes et respectueuses du bien-être animal. Ces lâchers ne sont de plus, qu’un palliatif à la mise en œuvre de véritables politiques de repeuplement.
Reste alors la question des parcs de chasse où les animaux sont considérés « tirés » plus que « chassés ».
Le rapport à la mort
La mort est devenue un tabou dans notre société occidentale. On ne parle pas de « personne morte » mais « disparue ». Les dépouilles de mammifères ont disparu des boucheries. Ainsi, la mort est devenue totalement invisible et les différences entre l’Homme et l’animal s’estompent. A l’inverse, le chasseur accepte la mort comme faisant partie du cycle de la vie et considère donc, le monde sauvage comme potentiellement hostile. Le chasseur assume son statut de prédateur. Mais, à la différence de l’animal, il donne la mort avec conscience et respect. Il s’efforce donc de tuer sa proie nette et en cas de blessure, ils la recherchent avec des chiens « de sang » spécialisés pour abréger ses souffrances.
Mais, pourquoi chasser ? Autrement dit pourquoi prendre la vie si ce n’est pas pour se nourrir ? Et si c’était pour donner plus d’intensité à la sienne.
Sources : Chasse, nature et société 2040 – lettre n°3