Le Tétras-lyre ou Coq de Bruyère est l’emblème de nos montagnes. Sa conservation repose sur la gestion de ses habitats d’hivernage et de reproduction mais surtout, par la concertation et la prise en compte de cet oiseau par les acteurs locaux.
- 1. La gestion des habitats d’hivernage du Tétras-lyre en partenariat avec les domaines skiables :
Pendant les périodes enneigées, les tétras-lyres se regroupent dans des lieux leur offrant nourriture et refuge. Ils y creusent des igloos et y séjournent entre deux repas. C’est la meilleure façon d’économiser leur énergie. Dans sa loge, l’oiseau y laisse ses déjections de la journée. S’il vient à être dérangé par un skieur ou un raquettiste, il va s’envoler, utilisant alors son énergie pour la fuite. À la fonte de la neige, la concentration de ces amas de crottes permet de localiser ces habitats d’hivernage.
Dès 2013, la Fédération des Chasseurs de l’Isère et le Parc Naturel des Ecrins ont engagé des prospections de refuges hivernaux du Coq de bruyère. La Fédération s’est concentrée sur Belledonne pour localiser précisément les habitats d’hivernage et a également entrepris des prospections printanières dans le Vercors Nord.
Avec les chasseurs et les exploitants des domaines skiables de Lans en Vercors, Chamrousse, Côte 2000 et les 7 Laux, les premiers refuges hivernaux isérois ont été délimités à l’aide de fanions, de cordes et de panneaux d’information à destination des skieurs et raquettistes. Depuis, chaque année nous suivons ces zones deux fois par an : l’hiver, pour mesurer la fréquentation des refuges par les pratiquants de sports d’hiver (en relevant les traces qui pénètrent dans la zone délimitée) et au printemps, pour savoir si les tétras ont utilisé préférentiellement ces refuges. Nous avons, au fil des ans, complété nos dispositifs pour améliorer l’efficacité des refuges hivernaux.
2.2. La gestion des habitats de reproduction du Tétras-lyre en partenariat avec les groupements pastoraux :
Depuis 2008, l’équipe technique de la Fédération des Chasseurs de l’Isère parcourt la montagne, entre forêts et pelouses alpines afin de localiser les habitats de reproduction du Tétras-lyre et qualifier leur état de conservation. La Fédération des Alpages conduit en parallèle une expertise sur les pratiques pastorales. Nous croisons ensuite nos regards et proposons aux éleveurs de maintenir ou modifier la conduite des troupeaux domestiques en alpage. Plusieurs possibilités leur sont offertes en fonction des situations locales et de leurs savoirs faires. Ils peuvent retirer des bêtes ou limiter leur nombre dans les zones où la poule de Tétras se reproduit et élève ses jeunes. Ils peuvent au contraire, mettre des bêtes dans les secteurs de reproduction du Tétras pour ouvrir les milieux grâce au piétinement et à la consommation de ligneux. Tout est une question d’équilibre et d’objectif à atteindre.
Grâce aux financements européens, nationaux et départementaux, des mesures agro-environnementales et climatiques ont été contractualisées par 36 éleveurs ou groupements pastoraux en 2015 et 2016 pour mettre en œuvre la conduite de troupeau adaptée aux enjeux Tétras-lyre. À noter que les années précédentes, ils n’étaient qu’une quinzaine. Nous, gestionnaires d’espaces naturels, progressons collectivement pour continuer à offrir à tous la capacité de croiser à l’orée d’un bois, au petit matin cet oiseau emblématique.