L’été annonce la saison « des ballots de paille », des ball-trap éphémères organisés au profit d’associations locales : comité des fêtes, association communale de chasse, etc. Souvent associé aux kermesses et aux fêtes de village, le ball-trap peut être aussi un sport de loisir ou de compétition. Comment ça marche ? On vous dévoile tout.
Les différentes disciplines
Le ball-trap ou « le tir aux pigeons » est une activité de plein air accessible aux alentours 14 ans qui consiste à tirer sur des plateaux d’argile, cibles mouvantes à l’aide d’armes de chasse à canons lisses.
Deux fédérations structurent cette activité : la Fédération Française de Ball-Trap (FFBT) et la Fédération Française de Tir (FFT). Chacune comporte ses propres disciplines. A la FFT, on retrouvera la Fosse olympique, le Double trap et le Skeet olympique. S’ajoute à cela des disciplines sur cibles à la carabine ou au pistolet à des distances variables, debout ou couché. A la FFBT, on parlera plutôt de Fosse universelle, de Parcours chasse, de DTL (pour Down The Line), d’Helice et de Compak Sporting.
La Fosse olympique ou F.O
C’est l’une des disciplines de ball-trap les plus répandues car inscrite aux Jeux olympiques mais aussi, l’une des plus complexes à cause des angles de tir et de la vitesse des plateaux qui avoisine les 130 km/h !
La Fosse olympique est équipée de 5 postes de tir composé chacun de 3 lanceurs. Une planche de tir est composée de 6 tireurs à raison d’un par poste, plus un autre en « réserve ». Tous les tireurs se succèdent sur les 5 postes de tir. Chacun dispose de 2 cartouches pour casser son plateau. L’objectif ? Casser le plus de plateaux sur une série de 25 (1 plateau cassé = 1 point).
En compétition, les tireurs doivent effectuer un passage sur chaque poste de tir, et donc tirer en tout, 125 plateaux. Les 6 meilleurs tireurs sont sélectionnés pour la finale. Les compteurs sont alors remis à zéro et c’est le score obtenu durant la finale qui détermine le podium.
Les armes et cartouches homologuées
Pour pouvoir faire du ball-trap, il faut d’abord détenir une licence de tir et un certificat médical sans aucune contre-indication. Ensuite, il faut évidemment disposer d’une arme et de munitions.
En Fosse olympique, c’est le fusil calibre 12 (au maximum) qui est imposé avec des cartouches de 24 grammes. Celles-ci sont d’ailleurs contrôlées aléatoirement par les arbitres. Gilet, casque auditif et lunettes de protection viennent compléter ce dispositif.
Niveau budget, comptez minimum 1 500 à 2 000 € pour l’acquisition d’une arme et 150 à 200 € pour les accessoires. Pour les munitions, toutes les gammes de prix se pratiquent. Pour une série d’entrainement en club, prévoir environ 7 € les 25 plateaux. Enfin, pour la licence de tir, les prix diffèrent en fonction du sexe et de l’âge mais la moyenne se situe entre 50 et 150 € par an.
Les similitudes avec la chasse
Beaucoup de tireurs de ball-trap sont des chasseurs. D’ailleurs, la discipline qui s’en approche le plus est comme son nom l’indique, le Parcours chasse. La configuration est la suivante : 4 à 5 tireurs progressent sur un parcours parsemé de buissons, des plateaux peuvent rouler au sol (les rabbit) ou partir en hauteur, depuis « la tour ». Mais, attention ! La gestuelle est bien différente entre ball-trap et chasse. Pour charger son arme, les canons sont relevés au ball-trap alors qu’à la chasse, c’est l’inverse. De même, un plateau n’aura jamais la même trajectoire ou la même vitesse qu’un gibier. Néanmoins, le ball-trap peut être un bon entrainement pour le tir en lui-même : identifier une cible, la suivre, viser et tirer. Comme à la chasse, le ball-trap demande aussi maîtrise de soi, capacité de concentration et évidemment, une bonne acuité visuelle.
Les normes à respecter
En application de la loi n°2014-1045 du 20 décembre 2014 relative à la simplification de la vie des entreprises, les ball-trap temporaires ne sont plus à déclarer en mairie. Un simple courrier d’information suffit, de même pour les services de gendarmerie territorialement compétents. Toutefois, un ball-trap étant considéré comme un établissement d’activités physiques ou sportives, les autres dispositions du Code du sport continuent à s’appliquer. Ainsi, vous devez respecter les mesures d’hygiène et de sécurité définies par les articles A322-143, A322-144 et A322-145 dudit code. Cela implique par exemple, le choix scrupuleux du terrain : loin des sentiers de randonnées et des habitations avec un périmètre de sécurité minimum de 250 mètres et l’interdiction du plomb à proximité des cultures et des plans d’eau. Vous devez également souscrire une assurance responsabilité civile en votre qualité d’organisateur et vérifier que chaque tireur est détenteur d’une attestation d’assurance. Bien sûr dans le contexte sanitaire actuel, les consignes promulguées par le gouvernement s’appliquent.
Où s’entraîner ?
Le Nord de la France est beaucoup mieux équipé en stands de ball-trap que notre département. Actuellement, en Isère, on dénombre trois sites permanents : le Cercle de Tir de Crémieu, le Domaine de la Verrerie à Pisieu et le Ball-trap Club de l’Alpe d’huez.
Plus d’infos :
Portrait d’une pratiquante
Mélanie Vincent est tireuse de ball-trap mais également, secrétaire de la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Isère. Elle a intégré la Fédération en 2015 pour un premier stage sur l’impact des éoliennes sur la faune sauvage puis, a poursuivi avec un CDD en cartographie.
Depuis la réforme de la chasse, elle assume à temps plein des missions liées à la tutelle des ACCA : modification administrative et cartographique des territoires de chasse, gestion administrative et accompagnement juridique des ACCA. Pour chasse38.com, Mélanie s’est livrée au jeu des questions-réponses sur sa passion du ball-trap.
Comment est née ta passion du ball-trap ?
« Chez moi, le ball-trap comme la chasse, c’est avant tout, une histoire de famille. J’ai toujours beaucoup aimé le tir, avant même d’avoir l’âge de faire du ball-trap. J’ai commencé par le tir à 10 mètres mais je trouvais que ça manquait un peu d’action. A 12 ans, j’ai tiré mon premier plateau et à 14 ans, je me suis entraînée plus assidument en Fosse olympique, à raison de deux fois par semaine.
Ce qui me plaît dans cette discipline, c’est la vitesse d’exécution et la technicité. C’est vivant et l’ambiance est super. Ce sport me permet de me vider la tête, de me défouler mais aussi, de me challenger. En effet, la réussite du tir d’un plateau est due au 3/4 au mental ; ce qui implique une perpétuelle remise en question. »
Comment passe-t-on du loisir à la compétition ?
« Mon papa ayant toujours fait de la compétition, j’ai participé au Championnat de France dès ma 1ère année de pratique. Cela m’a permis de mieux gérer mon stress. Ayant un esprit compétitif, j’ai eu envie de me mesurer aux autres et ainsi, de progresser. J’ai ainsi remporté plusieurs titres en Championnat de France, en catégorie cadette et junior de 2009 à 2014. Cependant, comme n’importe quel autre sport, cela demande du temps. Et au bout d’un moment, il était difficile de conjuguer tir, études et vie personnelle. J’ai donc cessé la compétition, mais je prends toujours autant de plaisir à m’entrainer. »
Bientôt, le passage du permis de chasser ?!
« Oui en effet, je suis inscrite cette année pour le permis. J’ai toujours accompagné à la chasse, mon grand-père, mon père, mon frère et mon conjoint avec Mozart, notre griffon korthal. J’aime beaucoup ça, que ce soit au Tétras, à la plume ou au Chamois. J’aime être dans la nature, j’y trouve du réconfort. Ce qui m’a motivé à passer mon permis : c’est comme au ball-trap, à un moment donné, être spectateur ne suffit plus. »